On quitte la vallée d'Harau pour la ville de Bukkitingi voisine, à peine 40 km, soit 1h30 de trajet, ça nous change de nos précédant marathons et ça fait du bien. Du coup, on se rajoute une petite étape sur la route pour aller tenter d'observer les raflésies, fleurs de la famille des orchidées répûtées pour leur taille : l'inflorescence peut mesurer jusqu'à 1 m de diamètre et peser jusqu'à 10 kilos. En théorie, dans cette région on peut aussi parfois observer l'Arum titan, fleur qui peut atteindre 3 m mais nous n'aurons pas cette chance.

Nous voila donc en route pour le "parc" où fleurissent le plus souvent ces fleurs, qui n'est en fait qu'un pan de jungle au milieu de la montagne et pas un jardin botanique comme l'avaient imaginé certains. Çà fera la différence plus tard. Encore une fois, les paysages le long de la route sont magnifiques Nous traversons de nombreux petits villages avec leurs maisons traditionnelles minangkabau aux toits caractéristiques rappelant la forme des cornes d'un buffle, et partout des petites mosquées au milieu des rizières en terrasse. On arrive juste avant midi dans le petit village d'où nous partirons à pied.


On traverse d'abord le village avant de remonter la petite vallée qui le prolonge au milieu des rizières d'un vert éclatant. Puis on attaque la montée dans la jungle, parce que oui, ces raflésies ont la facheuse tendance à pousser sur des pentes raides dans la jungle et pas en bord de route. Sauf que la nuit d'avant, c'était le déluge, et du coup ce qui nous sert de sentier est une vraie patinoire de bouillasse. On crapahute ainsi pendant une petite heure avec notre guide, en s'accrochant à tout ce qu'on peut avec plus ou moins de réussite, à part Laure qui ne s'accroche qu'au guide en lui pestant dessus parce qu'il va trop vite. Il fait chaud, ça glisse, c'est raide, on fait des pauses pour refroidir le moteur des anciens, et on arrive finalement à notre raflésie. Il faut savoir qu'une telle fleur met 8 mois à grossir et que l'inflorescence en elle-même ne dure que 5 jours! La notre est sur la fin donc elle a perdu un peu de sa belle couleur rouge mais c'est quand même intéressant à voir et puis on s'est bien marrer à la montée, la descente s'annonce encore plus sportive. On redescend presque sans glissade ou cascade, on passe devant une raflésie prête à éclore et on se retrouve dans les rizières avant d'engloutir un nasi goreng bien mérité au petit resto du village.


Après cette étape finalement un peu sportive, on remonte dans la voiture avec nos pieds tous crottés et notre chauffeur nous dépose à Bukkitinggi en milieu d'après midi dans un petit hôtel vraiment basique. Bukittingi, ville entourée par les 3 volcans des alentours, et réputée pour ses concours de muezzin, nous voilà prévenus, surtout que la première guesthouse, un peu excentrée, que l'on avait choisie étant complète, on se retrouve dans le centre. On profite de la fin d'après midi pour se balader dans la ville qui a un faux air de cité d'Afrique du nord avec ses minarets à chaque coin de rue. Les gens ne sont visiblement pas très habitués à voir des occidentaux et on n'échappe pas au rituel des selfies mais cette fois avec une classe entière d'étudiantes toutes voilées bien sur. Le fait d'accepter la photo les fait trépigner de joie alors on accepte avec plaisir.


Retour par le marché, repas et repos enfin tentative de repos car cette nuit-là remportera la palme de tous les appels à la prière que l'on a entendus. On aurait pu s'en douter vu le nombre de minarets vu en plein jour mais alors de nuit, c'est inimaginable : 4h30 pétante ça commence à un bout et après c'est un vrai canon, ou plutôt une battle de muezzin, c'est la surenchère, à celui qui chantera le plus fort, on attend le moment où la musique va partir tellement on se croirait à un concert mais non, ça continue sur le même multison monocorde pendant une heure et demi. Il est presque 6 h, difficile de se rendormir et cette fois ils ont réussi à réveiller la petite donc à 7h tout le monde est sur le pont.


On se met donc en route avec la même voiture que la veille pour le lac Maninjau, lac de cratère à 40 km de Bukkitingi. On l'atteint en à peine 2 h et une fois passée la crête de la caldeira, on découvre cet immense cratère rempli d'eau, c'est beau. On y descend après 44 lacets bien serrés à flanc de montagne et on pose nos sacs dans une jolie guesthouse juste au bord du lac. On profite de la tranquillité du lieu dans l'après midi, un petit tour à pied au village d'à côté, un cours d'anglais improvisé pour Christian et Pat avec un prof local trop content de trouver des européens pour faire pratiquer ses élèves du village et on déguste en soirée des délicieux poissons du lac au barbecue.


Le lendemain, après les recherches de la veille, on se dégote 2 scooters que l'on enfourche pour partir à la découverte du lac. Le tour fait à peu près 60 km, on démarre donc par la partie la plus plate, la route traverse les rizières plantées au niveau de l'eau, puis elle se rétrécit et devient plus vallonnée, juste coincée entre les pentes abruptes du cratère d'un côté et le lac en contrebas, de l'autre. Les paysages sont encore une fois splendides. De taille plus petite que le Danau Toba, le Danau Maninjau permet de vraiment se rendre compte qu'on est dans le cratère car on peut embrasser du regard la totalité du lac. Pause resto où on goutte aux écrevisses du lac, sieste pour certains et on ressort en fin d'après midi quand les locaux se retrouvent dans les rues. On s'attarde au bord d'un terrain de foot volley, les gars sont impressionnants de souplesse, puis on attend que le soleil descende pour profiter des couleurs du soir sur le lac.


Demain on retrouve la cote.