Réveil en douceur dans le ferry qui doit arriver vers 10 h du matin cette fois. On prend un rapide petit dej et on débarque en espérant sauter directement dans la voiture que l'on avait négocier avant notre départ pour Simeulue. Mais à la descente rien. On passe donc un petit coup de fil et la voiture arrive après 25 minutes avec les 2 chauffeurs qui doivent nous emmener à destination. Pourquoi 2 chauffeurs? On a décidé de faire d'une traite le trajet Singkill-vallée d'Harau distantes de quelques 620 km soit d'après nos chauffeurs à peu près 16 ou 17h de route. Il est 10h30 on espère pouvoir finir notre nuit dans un lit dans la guesthouse qu'on a booké à l'autre bout.

Mais ça, c'était sans compter les multiples arrêts de nos chauffeurs, le trafic assez dense et surtout l'état déplorable de la route par endroit. On avait cru voir sur nos cartes des portions d'autoroute mais en fait non, tu peux traverser la moitié de Sumatra par les "grands axes", tu te retrouves quand même parfois sur des petites routes perdues dans la jungle avec des nids d'autruche en plein milieu. Alors par contre, le paysage de jour est magnifique, on ne se lasse pas de ces rizières coincées dans des étroites vallées entourées par la jungle. Au final, avec les arrêts repas dans des petits warung on aura passé 21 h assis dans la voiture à essayer de trouver une position pour fermer un œil, éprouvant donc. Le pire, c'est qu'on aurait aimé que ça aille plus vite que ce 30 km/h de moyenne, mais le peu de fois où la route devient meilleur et que le chauffeur accélère, c'est tellement étroit que t'as l'impression qu'il roule à 150 comme un taré alors qu'il dépasse à peine les 80. Du coup, t'es content quand la route redevient mauvaise et qu'il ralenti,tu peux desserrer un peu les fesses. Je crois que les déplacements à Sumatra resteront ceux où on s'est le plus mis en danger.


Sur ces entrefaits, le jour se lève, nos chauffeurs commencent à piquer du nez et on finit par arriver vers 7 h du matin dans la vallée d'Harau où on s'installe chez Abdi homestay, très agréable guesthouse au pied des falaises. Sieste matinale pour tout le monde pour récupérer de ce long trajet.


On réemerge en fin de matinée et, un peu retapé on découvre le magnifique paysage qui nous entoure : on se trouve aux pieds de falaises de plusieurs centaines de mètres sur lesquelles dévalent des cascades et tout autour de nous des rizières alors que la jungle s'accroche aux montagnes. On fait la connaissance d'Anton, originaire du coin, il a appris l'anglais en regardant des films américains et il gagne maintenant sa vie en donnant des cours particuliers d'anglais aux enfants de la vallée. Il nous emmène découvrir les environs et nous apprenons avec lui beaucoup sur la région. On remonte ainsi une partie de la vallée jusqu'à une belle cascade où on manque de se faire mordre par des singes pas vraiment ravis qu'on vienne sur leur territoire. 


Après ce premier aperçu de la vallée, on décide de s'organiser une petite rando pour le lendemain, histoire d'en voir un peu plus. 

On part donc tranquillement après une bonne nuit, avec Rinal notre guide pour la journée, à travers les rizières. Là encore, Rinal nous fait partager tout de qu'il connait, de la culture du riz à la dégustation de la pulpe des cabosses de cacao. On s'essaie à la plantation du riz, les pieds dans 30 cm de boue, ce qui nous donne une idée des journées harassantes que doivent passer tous les villageois par ici à travailler dans les rizières pour un salaire dérisoire. On finit par quitter les rizières pour traverser quelques villages reculés de la vallée avant de monter jusqu'à un col et de redescendre dans la vallée voisine jusqu'à une jolie cascade cachée dans la jungle où on se baigne avec plaisir. Une fois rafraîchis, on reprend la route jusqu'au premier village où on mange chez une famille très sympathique un bon nasi goreng. Le village d'Harau, à 2 pas, coincé entre les hautes falaises nous offre encore quelques belles rencontres : un passionné de papillon qui nous emmène dans sa "volière" nous montre ses plus beaux spécimens, de vieilles dames assises devant leur maison qui nous saluent et sourient comme des enfants en voyant leur image sur la photo et une dégustation de sucre de palme tout chaud un peu plus loin. 


On rentre chez Abdi enchantés par cette journée et on s'attarde le soir après le repas autour du feu, ambiance feu de camp, guitare et chants. Demain, on reprend la route direction Bukittingi.