Dernier réveil au Laos, on embarque rapidement dans une pirogue qui nous ramène sur "le continent" où nous attendent les minibus qui doivent nous emmener à la frontière. Et là comme prévu (la famille de Max et Virginie nous a rencardé sur leur passage de l'avant veille), un gars pseudo officiel nous explique la marche à suivre. Deux solutions : soit comme il le conseille on lui file notre passeport + quelques formulaires + 40 $ et il s'occupe de tout on a qu'à attendre après la frontière, soit mais il ne le conseille pas on le fait par nous même et d'après son calcul ça nous coutera 39 $ plus la marche d'un poste à l'autre sous le cagnard.


Alors bon présenté comme ça vous allez nous dire que le choix a du être facile, qu'avec Anouk dans les pattes toute personne raisonnable prend la première solution et joue la tranquilité. Et benh oui... mais non. Le truc c'est que tout le monde te rabache sur les blogs que le visa c'est 30 $, ce qui est vrai, et que les extras réclamés par les douaniers sont des surplus qui viennent grossir leurs poches et s'apparentent à de la corruption. Alors quand il s'agit de principe et de ne pas favoriser ce comportement pourri et ben nous bêtement on s'entête et une fois qu'on a choisi la solution B on veut plus faire machine arrière! Jusqu'au dernier moment on hésite mais on se groupe avec 3 bordelais et un autre groupe de 5 français bien décidés à affronter cette vilaine frontière. On voit les passeports s'entasser sur la table du préposé et on se dit que l'on sera pas nombreux dans notre cas. On embarque dans les minibus, le notre part le premier du coup on arrive en premier au poste lao et avec notre fine équipe on demande aux officiers lao de tamponner nos passeports en refusant de payer les 2 $ qu'ils nous réclament. Ils refusent, on campent devant leur guichet, la file derrière nous s'allonge, ils photocopient nos passeports, font mine de téléphoner et les minutes passent. Au bout d'une bonne grosse demi heure ils cèdent et tamponnent notre visa de sortie.


Direction le poste cambodgien 300 m plus loin dans ce no man's land désertique, les sacs et Anouk sur le dos. En arrivant devant le bâtiment on entend un douanier gueuler comme un putois et on comprend qu'ils ont l'air un peu plus chatouilleux de ce côté là. On ne peut échapper à la taxe d'un dollar pour garantir la vaccination : tu as ton carnet international tu payes pas parce que t'es bien vacciné, tu l'as pas tu peux pas prouver que c'est bien le cas mais pas de soucis en filant un pti dol tu deviens vacciné comme par magie! Bref, avec notre sésame, un petit papier jaune en main on se prépare à aller affronter l'autre enragé. Au guichet on tend les 30 $ "officiels" que l'on nous rejette avec nos passeports en nous demandant 35 $. La dessus je me retourne et vois Coco en train de se faire aboyer dessus par le cerbère??? Qu'est ce qu'elle a encore été lui faire, c'était pas le moment.. Je ressors pour tenter de calmer le gars en uniforme mais il soutient que Coco l'a traité de fou (et elle l'a traite de fou, la folle!). En fait ils ont pas apprécié qu'elle prenne des photos d'Anouk, lui ont arraché son portable des mains et agressée directement verbalement et physiquement. Le gars est déchainé, on ne peut rien en tirer alors on rerentre dans le hall pour faire la queue. Il nous suit veut nous en faire ressortir et nous dit qu'il ne veut pas de nous dans son pays on finit par l'ignorer et il part. Les minutes passent rien ne bouge. Après presque une heure d'attente, un gars en civil nous proposent 32 $ le visa car notre bus est sur le point de partir, on finit par accepter et on file nos passeports. Une bonne vingtaine de minutes, un tirage de portrait et un relevé d'empreintes plus tard on ressort avec notre sésame contents d'avoir économiser 7 $ par visa enfin.... Ca c'était sans compter sur le fait qu'en arrivant à la route on se rend compte que nos bus sont partis et qu'on va devoir repayer un billet avec une autre compagnie pour nous emmener à bon port! C'est qui les champions???


Faut quand même savoir que la frontière côté lao c'est déjà assez sec et pas vraiment les champs élysées mais alors côté cambodgien, c'est le désert chaud sec aride sans aucune ville ou même village à 70 km à la ronde. La perspective de rester sécher là en plein soleil nous enchante pas trop donc on finit par négocier un minibus pour notre équipe de 7 avec le gars qui, on s'en rend compte après est en lien permanent avec la douane : leur machine est bien huilée, ils doivent se répartir les bénéfices de ce petit racket organisé. Bref on s'en tire pas trop mal au niveau du prix et on embarque dans un joli minivan direction Stung Treng où on doit en attraper un deuxième pour Banlung. Au final on a joué, on a perdu ou presque : sur le plan comptable on a gagné 2 $ avec notre petit jeu mais on s'est bien fait ch.. Par contre on a pas cédé!!! Et Anouk dans tout çà? Et bah elle a mangé des sucettes, elle a pas bronché sans doute trop dépitée par notre bétise et elle s'est endormie dans le minivan.


La route passe vite, c'est une grande ligne droite alternant des parties en bitume et de la piste rouge bordée par quelques habitations sur pilotis. On est juste à côté du Laos mais le dépaysement est déjà là. En fin d'après midi on arrive à Banlung où on se fait déposer dans notre guesthouse : une superbe cabane sur pilotis avec plusieurs pièces, une terrasse, le tout en lisière de forêt, ça fait du bien après cette rude journée.


Reveil aux sons des sonos vers 4h du matin, nouvel an Chinois oblige, on a beau etre en pleine campagne on ne passe encore pas une bonne nuit, d'autant plus que les coqs sont completement detraqués et se relaient non-stop de 4 à 9h. Apres un petit dej on se decide à filer se baigner dans un lac de cratere en velos... Bon bah les velos sont degonflés , on prend un scoot, bon bah Coco vient de tomber en scoot... On ira en Tuktuk . Apres petite reparation de la main et de la cuisse de coco, on y va. Endroit super sympa et tres populaire ou les gens se retrouvent sous des paillottes pour manger, boire et se baigner , on investit un petit ponton et on se jette à l'eau (tres bonne). Au retour on tombe sur un spectacle de danse folklorique, un genre de macarena cambodgienne, les danseuses ont l'air peu convaincue et on croise les copains resistants de la frontiere en rejoignant notre tuktuk. Apres midi sieste pour Anouk (qui est tres fatiguée de sa journée de la veille) ; on reste tranquille le reste de la journée. On programme le trajet du lendemain direction Kratie plus au sud, départ prévu en début d'aprem ce qui nous laisse le temps de se balader le matin.


On ressigne avec un tuktuk qui ressemble plus à une petite calèche en bois tirée par une moto hors d'âge qui fait des pointes max à 35 km/h, et route vers deux cascades réputées du coin. La piste pour y accéder est assez défoncée et la poussière rouge soulevée par les véhicules recouvrent tous les arbustes et fleurs des bas-côtés ce qui donne au premier plan une teinte monochrome qui contraste avec le vert des arbres à caoutchouc, des plantations de poivre et des avocatiers en arrière plan. C'est tout à fait l'image du Cambodge que l'on s'était faite. A la première cascade on décline la proposition d'un tour à dos d'éléphant et on file à la deuxième où Anouk peut faire trempette à côté de petites filles cambodgiennes un peu plus âgées et très intéressées par elle. Déjà, en à peine 2 journées passées au Cambodge, on sent une différence, on retrouve l'accueil chaleureux des gens comme au Myanmar. Dès que l'on traverse un village on entend des "hello" avant même d'avoir vu qu'il y avait quelqu'un caché dans une maison. Et on ressent à nouveau cette drôle d'impression d'être l'objet de curiosité des locaux quand alors qu'on discute entre nous, on relève la tête et on se rend compte qu'une quinzaine de personne nous encercle en nous fixant.. enfin en fixant surtout Anouk et même s'ils ne sont pas franchement souriants on comprend qu'il s'agit juste de curiosité.


Rien de tel que cette petite trempette pour se rafraichir avant le trajet qui nous attend. On repasse par la guesthouse où un minibus "VIP" dans lequel siegent déjà quelques cambodgiens, 2 débrousailleuses et des gros sacs de riz, vient nous chercher. Après des tours et détours incompréheunsibles dans la ville pourtant pas bien grande on finit par se mettre en route au bout d'une heure. On comprend alors qu'on est les seuls passagers du minibus et que le chauffeur un peu dépité de faire son trajet presque à vide essayait de recruter du monde!