Départ matinal de Champassak, traversée du Mékong en bac pour attraper le bus venant de Pakse qui nous dépose à l'embarquadère des 4000 iles à 20 km à peine de la frontière cambodgienne. Il s'agit en fait d'un delta intérieur du Mékong formé de quelques centaines d'îles côté lao dont certaines sont habitées. Pour nous ce sera Don Khon, île paisible où on circule en vélo ou moto sur des chemins de sable ou de terre. On rejoint notre île en 30 minutes dans une pirogue bien chargée et après quelques déconvenues on trouve un joli bungalow avec terrasse sur pilotis au dessus de l'eau. L'endroit est vraiment tranquille et magnifique.


Après le rythme assez soutenu qu'on a tenu pour descendre le Laos on s'est volontairement gardé du temps pour se poser dans ce coin histoire de ... ne rien faire ou presque. Après un bon repas dans un resto tenu par un couple franco lao où Anouk est ravie de manger des haricots verts "comme à Plozevet qui ne croquent pas", on profite des bords du Mekong avant notre première nuit presque sur l'eau. L'endroit est paisible mais on a quand même réussi à s'installer dans la seule guesthouse du village en face de laquelle ce soir "c'est la fête" enfin plus précisément la famille passe de la musique à fond, un genre de rock asiatique pas mal du tout en plus, mais inconnu de la plateforme "Shazam". La quasi totalité du village défile dans la petite maison d'en face, et ça joue aux cartes, et ça parie de l'argent, et ça picole du lao lao, alcool local, le tout avec des guirlandes lumineuses façon arbre de Noël qui décorent l'intérieur de la pièce principale. La sono qui est de plus en plus forte finit par faire une pause vers minuit et redémarre avec les coqs à 4h du matin. Encore une bonne nuit pour nous.


Enfin tout ça c'est vu de notre oeil occidental un poil amnésique de ce qu'on a pu observer ce àdans les précédant pays traversés. Pourtant, on nous a déjà expliqué au Sri lanka, mais on y avait pas assisté directement. On apprendra donc le lendemain que notre "fête", ce sont en fait les funérailles de la grand mère de 93 ans décédée il y a quelques jours : la famille en attendant d'aller bruler le corps dans la foret 5 ou 6 jours après la mort doit le garder pour éviter que les esprits ne viennent l'importuner. D'où la musique crescendo en soirée, moins il y a de monde à la maison plus les gardiens du corps montent le son pour éviter de s'endormir. Les guirlandes sont en fait suspendues au dessus du corps... Voilà voilà... Sur ce coup là on fait nos boulets. Enfin faut quand même avouer que ça a l'air très festif, les gars le lendemain matin, on a bien vu qu'ils avaient très mal aux cheveux, le 3 ème jour, la cour de la maison est remplie de table en inox et c'est grand banquet. Heureusement pour nous, les nuits suivantes sont moins bruyantes. C'est qu'arrivés au 3ème jour, on se dit... Avec cette chaleur, mamie dans sa maison bois ouverte aux 4 vents par 35° sous ses guirlandes lumineuses il serait peut être temps de l'emmener dans les bois?? Non?? (parce que ça pourrait commencer à sentir). Il n'y a pas eu de cortège ou on était peut être absents mais après le banquet, la maison s'est vidée.


Bien sûr entre temps, de notre côté, on se balade sur les îles à vélos, des vélos un peu trop petits qui nous donne l'impression de pédaler avec les genous dans les dents mais c'est vraiment magique. On sillonne ainsi l'île de Don Khone et sa voisine Don Dhet pendant 6 jours. Ca fait vraiment du bien de se déplacer en silence sans bruits de moteur, sur les petits chemins parfois défoncés et caillouteux, en bord du mékong où se concentrent la plupart des habitants dans des cabanes sur pilotis, ou dans l'intérieur des îles où les cultures de riz asséchées à cette saison finissent par relaisser la place à la jungle. On retrouve quelques vestiges de la présence française avec un projet un peu fou de voie ferrée traversant les 2 îles pour acheminer les marchandises d'un bout à l'autre, le mékong n'étant pas navigable sur cette portion en raison des chutes d'eau : il n'en reste qu'un pont reliant les 2 îles et 2 vieilles locomotives. Les chutes d'eau en question sont l'un des gros atouts de Don Khon, tellement habitués à voir le mékong large et sablonneux, on est surpris de le voir d'un coup découper ainsi la roche noire en formant cette succession de cascades et rapides. Et puis les 4000 îles c'est enfin l'occasion de trouver de petites plages au Laos pour faire trempette, on reste vraiment au bord car le courant tourbillonne pas loin et on a pas envie de partir dans les chutes mais Anouk peut enfin jouer toute seule sur le sable.


Les 6 jours passent vite d'autant plus qu'on recroise par hasard la famille de "martiniquais" rencontrés au Sri Lanka eux même avec une famille de toulousains, tout ce petit monde en voyage pour 6 mois, du coup on se regroupe pour arpenter l'île et refaire le monde autour d'une bière ou d'un bon resto. Anouk est entourée de 5 plus grands copains/copine, elle en redemande. Les 2 autres familles repartant avant nous, elle réclame ses copains l'avant dernier jour, mais ça ne durera pas longtemps, on croise "à la plage" un couple de nantais avec un petit Léo du même âge, ils se trouvent très vite et nous aussi du coup on se retrouve le soir au resto.


Après une dernière journée baignade et logistique pour organiser un peu notre parcours au Cambodge, on se couche pour notre dernière nuit au Laos et on se prépare au passage de la frontière réputée la plus corrompue du pays. Mais ça c'est pour demain...