Dès les premiers kilomètres à Bali on sent le changement, changement de culture surtout. Après 5 mois de bouddhisme et d'islam, nous voilà en terre hindouiste, ça change et ça fait du bien, surtout que l'hindouisme pratiqué ici ne se retrouve quasiment nulle part ailleurs. On remarque tout de suite les temples en bord de route, chaque maison a son temple au coin du terrain et chaque temple ou presque est une maison. Les routes aussi paraissent bien meilleur que sur les autres îles du coup, au moins pour la côte nord, les trajets sont plus rapides. Ici, le problème viendra surtout du trafic très dense. Et enfin, le dernier gros changement et pas le moindre, c'est la fréquentation, on croise beaucoup plus d'occidentaux que lors des précédentes semaines, ça nous fait bizarre et encore on commence par le coin le moins touristique de l'île.


Notre première halte pour récupérer des 2 ascensions de volcans s'appelle Pemuteran, petit village le long d'une plage de sable noir, réputé pour ses spots de snorkelling. On y loge dans une très agréable guesthouse, au milieu d'un jardin typiquement balinais, parfaitement entretenu, où ça sent bon le frangipanier. Anouk commence très vite sa collection de fleur rose et blanche et s'en pare les cheveux. Premiers poissons grillés, enfin on va pouvoir se régaler de produits de la mer! On se pose une journée, histoire de snorkeller un peu et de prévoir la suite du trajet.


Du coup, le lendemain, direction Ubud, de l'autre côté des montagnes. Sur la route, notre chauffeur, très sympa nous arrête quand on lui demande : cascade impresionnante dans la région de Munduk, lacs jumeaux sur la crête, premier temple au bord d'un troisième puis pause déjeuner dans un tout petit warung dans une maison de particulier au milieu des rizières en terrasses. On est les seuls à table, on apprécie vraiment. Après ce premier aperçu des rizières si typiques de Bali, on se dirige vers celles de Jalituwih, inscrites au patrimoine mondiale de l'Unesco. On s'arrête en bord de route pour admirer le spectacle, c'est magnifique et pour en profiter pleinement on veut terminer à pied, ce qui n'est pas du goût de la petite qui commence à se prendre pour une ado et veut "rester dans la voiture à écouter sa musique!" Sauf qu'il n'en est pas question, non mais, alors on a droit à une crise en plein air, qui fait sourrire les locaux et comme on passe à ce moment là juste à côté d'un canal d'irrigation des rizières où l'eau limpide a l'air très fraîche et où d'autres enfants barbottent, on la jette dedans en culotte histoire de lui rafraichir les idées. Bon en fait, il s'agissait encore d'une habile diversion, l'intéressée étant toujours demandeuse de baignade, et ça a bien fonctionné jusqu'au moment où il a fallu l'en sortir. Nous voilà donc à marcher, enfin, le long de la route au milieu des rizières avec notre gamine en culotte! Autant dire qu'elle fait sensation. On accède à un petit chemin de randonnée qui traverse les vallées de rizières en terrasse, il y a du vert de partout, on en fait le tour en une petite heure au soleil couchant avant de rejoindre la voiture et de terminer la route vers Ubud où on arrive de nuit.


Après plusieurs recherches on finit par trouver l'entrée de notre guesthouse planquée au bout d'un étroit corridor perpendiculaire à la route principale. C'est une maison typiquement balinaise avec fontaine, temple, fleurs et offrandes, tout est imbriqué dans un petit espace, ça a un charme fou. Les portes et fenêtres de la chambre sont toutes en bois sculpté, on croirait loger dans un petit temple. Après une nuit bien chaude, on émerge tranquillement, on fait la connaissance d'un retraité belge résidant dans la chambre d'au dessus 7 mois de l'année avec lequel on discute pendant une bonne heure. Il nous en apprend beaucoup sur la culture balinaise, les curiosités d'Ubud et nous fait envie avec ses histoires d'exploration, parce que ça ressemble plus à ça qu'à du tourisme, des îles à l'est, Sulawesi, Sumba avec des histoires de villages vivant complètement coupés de la civilisation. Il nous faudrait 6 mois rien que pour découvrir ces endroits ou plutôt comme disent certains, avec l'Indonésie, c'est sans fin, il y a tellement d'îles qu'il faudrait une vie pour en faire le tour et pourtant, il doit rester des petits paradis cachés dans cet immense archipel. Bref, après cette discussion qui aurait pu durer la journée vu la réserve de notre interlocuteur, on se met en route pour le centre ville, découvrir l'architecture balinaise, ces maisons qu'on prendrait facilement pour des temples, le palais de l'ancien roi et aussi un peu de shopping. Mais il faut bien l'avouer, devant ce flot d'occidentaux, on déchante un peu, on a quasiment plus de contact avec les locaux, ça nous déçoit un peu et on en deviendrait presque agoraphobes. Après un bon repas dans l'un des "mille" resto de la ville on décide comme on l'avait promis à Anouk d'aller voir un spectacle de marionnettes traditionnelles.


On s'installe avec d'autres touristes japonais et chinois devant un écran blanc. Ah oui car subtilité, il s'agit d'un spectacle d'ombre de marionnettes. Quelqu'un pourra peut être un jour m'expliquer le concept. Un gars passe je ne sais combien de temps à fabriquer une belle marionnettes, car on les a vues après, la peindre avec plein de petits détails, tout ça pour... la faire gigoter devant une lampe à huile pour projeter son ombre sur le drap blanc, quelque chose m'échappe. Bref, on nous distribue une feuille sur laquelle est résumée l'histoire que l'on va nous jouer et c'est parti. 3 musiciens accompagnent les scènes, avec des coups réguliers de marteau ce qui ne plait pas trop à Anouk finalement, pire quand elle voit les ombres elle prend peur, on est obligés de lui faire faire le tour de l'écran pour lui montrer qu'il ne s'agit que de messieurs qui agitent des pantins. Elle passera la totalité du spectacle à faire la navette entre nos sièges et le back stage, pour nous, c'est un peu longuet, on se surprend à faire des microsommeils puis c'est la fin. On remercie nos marionnettistes et on regagne notre petite maison. Sur la route, Anouk d'un coup enchantée et plus du tout effrayée s'écrit "c'était chouette quand même les marionnettes hein", nous on éclate de rire tant elle avait pas l'air emballée pendant le spectacle. PS : elle se réveillera la nuit suivante en refusant de se rendormir car "la nuit les marionnettes viennent et qu'il faut attendre le jour pour qu'elles partent" donc le lendemain quand elle réclamera un nouveau spectacle de marionnette cette fois on dira non.


Après une courte nuit à cause de ces fichues ombres de marionnettes, on part à la recherche de vélos pour explorer les environs. On en trouve avec un peu de mal et nous voilà partis dans une petite vallée qui part vers le nord. On est obligés de porter nos montures dans plusieurs escaliers mais on finit par trouver ce que l'on voulait, des rizières à la sortie de la ville. On s'autorise un petit rafraîchissement dans un joli bar au milieu des champs et on entame le retour cette fois par la route. On nous avait prévenu, autour d'Ubud c'est comment dire, vallonné. En fait, en terme de kilomètre à vol d'oiseau, y'a pas grand chose sauf que ce que l'on voit pas sur nos téléphones c'est que c'est de vrais ravins les vallées dans cette région. Du coup même en prenant de l'élan, en changeant de braquets et en donnant notre meilleur coup de pédales on met tout les 2 pieds à terre et on pousse nos vélos tant la pente est raide. On finit quand même notre boucle et on rentre manger et réserver le trajet du lendemain direction Amed à la pointe est de l'île.