Départ de Cemoro Lawang dans une file continue de jeep qui s'arrête dans la vallée pour transférer leurs passagers dans de gros bus, notre chauffeur nous explique qu'aujourd'hui débutent les vacances à Java, d'où le monde ce matin au lever de soleil. Les gens ont fait l'excursion dans la journée. On redescend jusqu'à la côte pour poursuivre sur Bondowosso notre ville étape avant d'accéder à l'Ijen, le 2ème volcan de notre périple.


Ce volcan est moins fréquenté donc un peu plus difficile d'accès, on a pas trouvé d'hébergement intéressant pas loin, donc on s'arrête dans cette ville à 2 heures de route du départ à pied et on se lèvera tôt demain matin. Bon du coup, Bondowosso a pas vraiment d'intérêt et on se demande ce qu'on fait là en plein après-midi, c'est un peu triste. En se baladant on tombe sur des jeunes répétant des danses traditionnelles mais notre présence semble vraiment troubler leur concentration et on expérimente plus loin la fête forraine locale pour Anouk avec un tour de mini manège avant de se poser au bord de la piscine d'un hôtel qui sert de piscine municipale où elle s'éclate au milieu des autres enfants et ou elle prend son premier cours de natation avec les locaux.


La nuit est entrecoupée par le départ de touristes indonésiens qui se lèvent à 1 h, se parlent du 1 er au 3 ème étage et l'appel du muezzin à 4 h. Du coup, le réveil à 6 pique un peu, mais on se met en route et après les 2 heures de route et une petite pause à une cascade d'eau verte on arrive au départ de la montée pour l'Ijen. Ce volcan est réputé pour son lac de cratère parmi les plus acides du monde, et plus tristement pour le travail de forçat accompli par les villageois du coin, tous les jours, qui descendent au bord du lac ramasser le souffre, le concasse, le remonte à dos d'homme au bord du cratère avant de le redescendre jusqu'à la route où il est chargé dans les camions. Les ramasseurs de souffre portent jusqu'à 60 à 80 kg sur leur dos dans des conditions inhumaines. L'accès au lac est ces temps-ci interdit aux touristes en raison des gaz toxiques mais nous n'avions de toute façon pas prévu d'y descendre. Cela donne une idée du calvaire enduré par les porteurs, déjà au bord du cratère, les fumées piquent les yeux et la gorge, mais au bord du lac, leurs yeux et leurs poumons doivent littéralement brûler, rajoutez à cela l'effort intense pour remonter les lourdes charges et on comprend que leur espérance de vie est réduite. Le soufre ainsi collecté servira essentiellement au raffinage du sucre, il leur est acheté 250 roupies le kilo, ce qui leur permet de gagner 2 euros 40 par jour de travail!!


Pour nous, la montée dure 1h30 sur un chemin assez raide, à 30 min de l'arrivée, on loue à des locaux des masques, avec Anouk on préfère prendre nos précautions, au cas où on se retrouve coincés dans le panache de fumée, mais on ne s'en servira pas. Arrivés là haut, ça sent le souffre à plein nez, le cratère se dévoile devant nous avec ses pentes jaunis et au fond le lac couleur émeraude. Il commence à y avoir des nuages donc la luminosité est moyenne mais l'endroit est assez irréel. Au milieu de tout ça, on croise les porteurs, on entend leurs voix monter du fond du cratère entrecoupées par le son des pioches et on les voit attaquer la montée sur le chemin très raide à flanc de cratère. Sur la crête, ils vident leur panier, cassent les blocs de soufre en petits morceaux pour les faire rentrer dans des sacs et une autre équipe attaque la descente avec une petite charrette à bras. La même charrette que l'on nous a proposé de prendre pour ne pas se fatiguer dans la montée! Eh oui, pour gagner un peu de sous, les porteurs n'hésitent pas à proposer le taxi aux touristes, quitte à faire les 2 heures de montée assez raide avec 60 ou 90 kg de bonhomme sur la charrette. On se demande comment ils font vu leur gabarit et on a franchement pas envie de rajouter à leur calvaire. L'un d'eux attaquant la descente, sort de son sac des "souvenirs" et nous les proposent : de petites tortues moulées en soufre. Anouk les avaient repérer à la montée, on lui les prend, pour une somme dérisoire mais qui représente quand même pour lui l'équivalent d'une demi journée de travail. On leur propose à manger, ils acceptent volontiers, du coup on leur laisse les gâteaux qu'il nous reste.


La descente, plus rapide, fait travailler nos genoux et on retrouve notre chauffeur et la voiture qui nous redescendent au niveau de la mer à Banyuwangi où l'on doit prendre le ferry pour Bali. Une fois le chauffeur remercié, on attend à peine 15 min avant de monter à bord et la traversée dure une petite heure.


Au revoir Java, Bali nous voilà!


Dès la descente du ferry, on entame les négociations pour le trajet qu'il nous reste à faire direction Pemuteran à 35 km. On s'en sort plutôt bien et à peine 30 min plus tard on arrive à destination, bien fatigués après cette journée chargée.