On quitte Malang et notre guesthouse façon cottage après le petit déjeuner, on a à peu près 4 heures de route jusqu'à notre destination, Cemoro Lawang petit village à 2000 m d'altitude situé juste au bord de la caldeira du tengger. On y arrive en début d'après midi, on pose les sacs et on avale vite fait un énième nasi goreng. Vite fait pourquoi? Parce qu'on ne peut plus attendre et qu'on veut découvrir de nos propres yeux les volcans qui font la couverture de notre livre de chevet depuis un mois et demi. 


Pour poser le décor, Java et l'Indonésie de façon générale, compte d'innombrables volcans, mais le parc du Bromo-Tengger-Semeru arrive dans le top 3 des plus beaux volcans de l'archipel, essentiellement en raison de ce paysage quasi lunaire qu'il offre au voyageur. La caldeira du Tengger c'est un cratère de 10 km de diamètre dont le fond en partie plat est recouvert d'une mer de sable noir au milieu de laquelle émergent 3 plus petits volcans, le batok, le Kursi éteints, et le Bromo encore en activité. Notre village étape, donc, se situe juste au bord du cratère, et notre guesthouse à quelques 100 mètres des falaises de la caldeira.


Du coup, même si on sait pertinement que les nuages bouchent la vue quasi systématiquement l'après midi, on ne résiste pas à l'envie d'aller jeter un premier coup d'oeil sur ce qui nous attend. On rejoint donc le premier point de vue et là, on n'en croit pas nos yeux, pas un seul nuage à l'horizon, chose apparemment très rare par ici, et la totalité du cratère qui se dévoile devant nous avec les cones des volcans au milieu et le Semeru point culminant de Java en arrière plan. C'est magique. A part des herbes folles rien ou presque n'a poussé au fond de la caldeira, les falaises d'une centaine de mètres qui tombent abruptes à nos pieds sont couvertes d'arbres mais en bas, c'est un paysage majoritairement minéral. Là encore, on ne résiste pas, on décide donc de descendre au fond pour "marcher sur la lune". Le soleil est encore bien chaud mais on sent qu'avec l'altitude, l'air est frais, on retrouve les sensations des séjours au ski. Une fois en bas, on traverse la mer de sable noir en coupant tout droit devant nous. Un cavalier se dessine dans la poussière et croise notre chemin, c'est un villageois qui rentre chez lui sur son petit cheval façon poney mongol, il nous propose d'utiliser sa monture, une façon pour eux d'arrondir leurs fins de mois. Nous ça nous tente pas trop, surtout qu'en tant qu'adultes, on s'en voudrait de faire supporter notre poids à un aussi petit cheval, mais Anouk a les yeux qui brillent alors on craque et la voilà sur le dos de son poney bai, fière et bien cramponnée, elle traverse ainsi toute la mer de sable jusqu'au pied du bromo. L'ambiance est géniale, il n'y a presque personne, on a vraiment l'impression d'être dans un désert. Ces paysages resteront surement parmi les souvenirs les plus dépaysant. 


On décline la proposition de notre cavalier solitaire d'emmener Anouk en haut du Bromo, il faut qu'on en garde pour demain et il commence à être tard, on lui dit au-revoir et on refait le chemin en sens inverse, tout le monde à pied cette fois, avec pour finir la remontée bien raide jusqu'au village. Le soleil commence à se cacher, on sent le froid arriver, du coup on va se mettre à l'abri. Pour la première fois depuis plusieurs mois, on va dormir sous 3 couvertures, eh oui, à cette altitude les nuits sont fraîches, du coup, tout le monde dans le même lit, on essaie de ressortir ce qui peut faire office de pyjamas et on s'enfonce sous les couvertures.


La quasi totalité des gens qui viennent au Bromo en font le tour en jeep avec un programme bien rodé, lever très tôt genre 1h le temps de venir depuis Yogha ou Malang en voiture, dépôt au point de vue le plus haut pour voir le lever de soleil, rejeep pour traverser la mer de sable jusqu'au pied du Bromo, ascension puis retour jeep au village pour le petit dej où ils sautent dans un minibus bondé direction l'Ijen. Autant dire que nous, surtout avec Anouk ça nous tentait pas trop, et après ces mois de voyage on se voit mal la lever en pleine nuit pour aller marcher à la frontale. Du coup, nous on fait la même en prenant notre temps et à pied, lever 6 h (il a quand même fallu réveiller la petite), on décolle vers 7 h pour le point de vue au lever du soleil. Alors bien sûr, pour le lever on est un poil tard, ici c'est 5h30 mais par contre le gros avantage c'est qu'il n'y a pas un chat et la vue reste bien dégagée. De là haut, le regard embrasse la totalité du cratère et tous les volcans sont bien visibles.


Après ces minutes de contemplation, on fait le chemin en sens inverse pour redescendre et on décide d'essayer de couper au plus court pour rejoindre la mer de sable en voyant des villageois empruntant un sentier à flanc du cratère. On traverse les champs de chou où les paysans sont au travail, on longe un canyon très profond creusé par une rivière et on attérrit en bas dans les herbes folles. On ne tarde pas à croiser comme la veille des cavaliers et comme on lui avait promis, on fait monter Anouk sur un poney noir cette fois qui l'emmène jusqu'au Bromo. Et cette fois, on y monte. Après quelques centaines de marche bien casse patte, nous voilà au bord du cratère, bouche béante toute striée crachant en continu des vapeurs de souffre s'élevant en panache. Quand le vent tourne et que la fumée se dissipe on aperçoit au fond du cratère la roche toute verte. Les volcans ont ce quelques chose d'effrayant et de fascinant à la fois. Il est bientôt midi, on redescend et comme la veille on retraverse la mer de sable, regrimpette raide jusqu'à l'hotel où on apprécie notre repas après cette petite rando. On a déjà bien rentabilisé la journée alors l'après-midi on bulle, on prépare notre trajet du lendemain vers Bondowoso, départ fixé vers 9 h...


Qui dit 9 h, dit potentiellement la possibilité d'aller voir le lever du soleil tant convoité, alors je craque et je m'éclipse à 3h45 en laissant les filles dormir. Un peu plus d'une heure et demi de grimpette à la frontale plus tard, je rejoins les nombreuses personnes déjà en place après avoir dépassé les files de 4X4 garés là où la piste s'arrête. Je pousse un peu jusqu'au point de vue le plus haut par un petit sentier mais malheureusement il est accessible par l'autre vallée en jeep donc le monde est là aussi. Pas grave il y a quand même de la place alors il ne reste plus qu'à attendre. Le soleil se lève tranquillement et dévoile le même paysage que la veille avec une mer de nuage en plus tapissant tout le fond du cratère et semblant se déverser sur le village. Les couleurs du levant donnent vraiment du relief aux volcans, c'est beau. Redescente tranquille, même en traînant là haut, il n'est que 7 h, je rejoins les filles au petit dej et en route.