On quitte Bukit Lawang dès le matin, la route s'annonce longue. On a opté comme pour le premier trajet pour une voiture avec chauffeur vu les durées annoncées : 9 heures prévues pour faire les 235 km qui nous séparent de notre prochaine destination : le lac Toba. On ne se fait plus d'illusion, on a compris qu'ici, il faut compter une moyenne de 20 à 30 km/h sur les routes. Du coup, même si c'est un peu plus cher on roule en voiture privée car on ose pas imaginer ce que ce serait en bus local bondé. Notre chauffeur, natif de Bukit Lawang, parle un anglais parfait, très bon point, il s'appelle Imran et est très communiquant. On passe au pied du volcan Sinabang en éruption surprise il y a 3 semaines, on voit encore les fumerolles s'échapper du cratère. Imran nous apprend qu'il était par hasard avec des touristes au sommet du volcan voisin quand ça a commencé, vidéo à l'appui, c'est impressionnant à voir.


Arrêt dans un warung, cantine locale où tu manges du riz blanc accompagné au choix de poissons séchés cuits en curry ou poulet ou légumes, bon les poissons vu leur tête on évite, le reste on tente on verra bien, mais depuis le temps je crois qu'on est à peu près rodés, puis on reprend la route jusqu'aux cascades de Sipisopiso, belles chutes de 120 m. De là on voit pour la première fois le Danau Toba, plus grand lac d'Asie du sud est, tiens bizarre c'est le 3ème plus grand depuis qu'on est partis, y'a des mitos quelques part! La vue est magnifique, des flancs de montagne verdoyants qui plongent à pic dans cette immense lac bleu, c'est magique. Il s'agit d'un lac de cratère qui atteint par endroit jusqu'à 450 m de profondeur, et sur ce lac une île, Pulau Samosir formée par une éruption il y a 40 000 ans, c'est là que nous devons aller. En attendant, on admire la belle vue sur la cascade et le lac et on se plie au rituel du selfie avec les autochtones, cette fois tout le monde y a le droit, c'est dimanche, les indonésiens viennent ici en famille et paraissent très intrigués par notre présence.


Après cette dernière pause on reprend la route et on arrive finalement plus tôt que prévu à Parapat où on attrape l'avant dernier ferry pour Tuktuk le village sur l'île en face où nous allons dormir. On remercie chaleureusement Imran et on lui donne rendez vous dans 2 jours pour la suite du voyage. La traversée dure à peu près 1 heure et on nous dépose de nuit (les derniers) juste devant notre guesthouse où on se couche rapidement après un petit nasi goreng.


Le lac et ses environs sont peuplés par les Bataks, un peuple assez belliqueux resté longtemps un peu à l'écart du reste de Sumatra, peut-être un petit lien avec leur tendance au cannibalisme? Toujours est-il que l'on voit bien la différence d'ethnie et de culture avec le reste de l'île, physiquement et dans la décoration des maisons, on sent qu'on se rapproche de l'Océanie. Même la végétation sur l'île est à part, un faux air d'île antillaise avec des petites routes longeant le lac bordées de multitudes de fleurs, de manguiers avocatiers, le tout surplombé par les flancs de l'ancien volcan. On est très vite séduit par l'endroit que l'on part découvrir en vélo le premier jour. On y mange du délicieux poisson du lac, du tilapia, grillé au barbecue avec une marinade inoubliable et on visite quelques vestiges de la culture locale, tombe de roi flanquée de totems dignes des indiens d'Amérique, maisons traditionnelles à la forme caractéristique en bois et autres tables de sacrifices. Ah oui, pour l'anecdote, quand quelqu'un avait vraiment contrarié le chef, il était lacéré à coup de couteau, frotté avec de l'ail et du piment, ça devait piqué déjà un peu, puis décapité. Pourquoi l'ail et le piment me direz vous? Rapport sans doute aux goûts alimentaires mentionnés plus haut. Mais ça c'était avant! Maintenant les bataks sont très accueillants.


Le deuxième jour, on part à pied se balader dans un autre village, toujours aussi dépaysant, et on retrouve avec plaisir Imran dans l'après midi qui nous attend avec son patron pour nous emmener à Singkil sur la cote ouest. On part tranquillement en milieu d'après midi ce qui nous permet de faire le tour de l'île en traversant plusieurs villages traditionnels bataks. 


Nouvel arrêt dans un warung mémorable où on mange la tête dans les moucherons puis on attaque la traversée de la jungle de nuit. La route ressemble plus à une piste défoncée, on est partis pour 9h de toute façon donc on prend notre mal en patience mais finalement Imran conduit vite et bien et on arrive plus tôt que prévu à destination vers 1h du matin. On termine donc notre nuit dans un lit à Singkil dans une guesthouse aux allures de maison coloniale tout en bois assez rudimentaire.