La nuit s'annonçait déjà courte vu notre heure d'arrivée tardive, qu'à cela ne tienne on a qu'à faire la grasse matinée... Oui mais non, nous voila revenu en terre musulmane, on est maintenant dans la province d'Aceh où 100 % de la population est musulmane et bien pratiquante, ce qui implique 3 choses (entre autre). En 1, les dames doivent éviter tout ce qui est short débardeurs, maillot de bain y compris à la plage. En 2 et c'est sans doute le point le plus handicapant pour nous, pas de Bintang dans la ville! AH au secours :mais comment on va faire on tiendra jamais 2 jours! On va quand même pas boire du coca! En 3 et là je reviens à nos moutons, Muezzin la star locale de la chanson, se chauffe toutes les nuits la voix à partir de 4h30 5h du matin et ce pendant 1h avec une sono à faire pâlir le festival des vieilles charrues. Résultat, tant pis pour la grasse matinée, on s'enfonce tout ce qu'on a sous la main dans les oreilles mais rien y fait, faut attendre que ça se termine.


Réveil un peu vaseux donc à Singkil, dans une chaleur moite écrasante. Singkil, petite ville portuaire absolument pas touristique, un air de bout du monde où on ne passe pas du tout inaperçu. On est là pour une chose, attendre le ferry qui doit nous emmener sur l'île de Simeulue. Les horaires n'étant pas très fiables, on a pris une journée de marge au cas où nos infos seraient mauvaises ce qui nous laisse donc 2 journées à attendre ici. Notre présence a du être annoncée dans tout le village car les 2 seules personnes parlant l'anglais nous rendent visite dans la matinée pour nous permettre d'organiser la suite du voyage et une ribambelle d'enfants défile pour, on imagine, voir Anouk. On s'organise donc pour l'après midi une virée en pirogue sur la rivière voisine pour aller à la rencontre de singes et crocodiles.


Après un repas très local et un peu trop épicé au goût de certains, dans le seul warung appétissant du village (on y prendra tous nos repas pendant ces 2 jours), on rejoint l’embarcadère en tuktuk avec notre piroguier. Là, préparation du bateau et tentative de démarrage du moteur, 1 fois, 2 fois, 10 fois, ça marche pas. Bon il a peut être pas du servir depuis un bon moment, mais au pire c'est pas grave, on tombera juste en panne au milieu de la rivière où on va voir quoi déjà? Des crocodiles? AH et y'en a de 5 ou 6 m? Bon prenez votre temps les gars et mettez quelques rames au fond du bateau au cas où. Un changement de bougie et une séance d'écopage plus tard, le moteur démarre et on monte tous les 5 dans la pirogue avec 2 piroguiers, un au moteur l'autre à la proue à l’affût des éventuelles bebêtes. Il fait très chaud mais la balade est sympa dans les canaux bordés par la mangrove et la jungle. On aperçoit plusieurs singes, des oiseaux, et une petite dizaine de crocodiles d'environ 1m. Pas de monstre de 5 ou 6 m mais finalement c'est peut-être mieux comme ça vu les conditions de sécurité de notre embarcation.


Sur le chemin du retour, on se risque à poser à notre chauffeur la question interdite : peux-t-on trouver de la bintang ici? Mais oui bien sur! Ah chouette, il nous emmène alors dans un genre de lotissement où les maisons sur pilotis alternent avec des cabanes de bric et de broc. Il me fait rentrer dans une maison de particulier, on donne les sous, et en échange on nous rend un sac avec les 2 précieuses bouteilles que notre chauffeur s'empresse de cacher dans son tuktuk. Marché noir marché noir. En ressortant de la maison, le tuktuk est encerclé par une nuée d'enfant qui nous regardent avec beaucoup d'intérêt. 


Retour à notre guesthouse, on met les bières au frais et on se pose la fin d'après-midi alors qu'à notre grande surprise d'autres touristes en transit pour les iles Banyak arrivent les uns après les autres, on se sent moins seuls d'un coup. 


La deuxième journée, pas grand chose de prévu, on a épuisé l'attraction locale la veille, donc on fait quelques emplètes en vue de notre trajet en bateau et de la semaine à venir sur l'île, un tour à la plage, un peu de pêche pour Christian puis on prépare nos sacs pour le ferry.


Départ prévu 19h, on gagne l'embarquadère vers 17h, le temps de prendre les billets et on monte à bord où on négocie directement avec des membres d'équipage qui nous "prêtent", moyennant finance, leur cabine où on pourra essayer de dormir tous les 5. Encore une fois, à bord, on dénote un peu, on se rend sur le pont supérieur pour pique-niquer au milieu des locaux avec qui on essaie d'échanger un peu malgré la barrière de la langue. Une fois bien chargé, le ferry se met en route pour les 12 heures qui nous séparent de Simeulue island à quelques 150 km de Sumatra, nous on descend dans notre cabine où on passe finalement une bonne nuit.