Départ de Chiang Raï en bus de bonne heure jusqu'à Chiang Kong et le poste frontère avec le Laos. Une fois la frontière passée et nos visas rapidement obtenus, on prend un enième tuktuk jusqu'à la gare routière de Houessaï où on attend à peine 15 minutes avant d'embarquer dans un local minibus bien vieux et défoncé. Durée du trajet annoncée 3 à 4 heures mais on se doute bien qu'il faut pas trop compter la dessus.

On se place sur la rangée de sièges du fond comme des rebelles du collège pour avoir plus de place. On croit qu'on a été plus malins que les 6 autres passagers du minibus sauf qu'au premier trou dans la route, et il y en aura beaucoup d'autres, on comprend notre erreur : on fait tous les 3 des bonds à nous scotcher au plafond, on part dans des fous rires à répétition, nos compagnons de route eux ne rigolent absolument pas, à part le chauffeur qui nous observe dans son rétro avec un stick eucalyptus coincé dans la narine droite.

On rebondit comme ça pendant 3 h et on a fait... 70 km sur les 180 de prévus... On se dit que le voyage ne va jamais finir, on est vraiment dans la montagne, dans les cotes le bus ne doit pas dépasser les 25 km/h et dans les descentes avec le frein moteur, à peine plus de 30 km/h. Heureusement la route s'améliore et le chauffeur augmente la "cadence" jusqu'à ce qu'il s'arrête en plein virage à la hauteur de 2 ados posés sur leur scooter. Il descend et revient au bout de 5 secondes avec un genre de ragondin des montagnes ou marmotte ou chien de prairie bref on aurait dit TIC ou TAC pendu par un collet. L'homme a l'air satisfait de ramener son diner pour le soir et le fourre dans le coffre où je vous le donne en mille il y a ???? Nos 2 sacs. Après un coup de serre boulons aux roues, on repart en imaginant TAC baloté dans les virages rebondir alternativemet sur nos sacs. Le minibus nous depose à notre guesthouse qui est à 10 km avant Luang Namtha. On est un peu mitigés en découvrant les lieux un poil glauques, seuls dans un genre de motel en pleine montagne certes mais un peu en bord de route, la chambre n'a pas de fenêtre, n'est pas vraiment impeccable et la nuit s'annonce très fraîche. On décide donc de changer de guesthouse le lendemain après être aller visiter un village Lanten (l'une des minorités vivant dans la vallée) vraiment très typique à 30 min à pied. Nous traversons un mariage où l'on nous invite à partager la grande tablée mais nous nous rappelons d'une rencontre avec 2 canadiens au Myanmar qui avaient eux aussi été invités lors d'un mariage local (le monde est un petit village quand on voyage) et qui avaient tous deux très mal vécu leur trajet en train sur les toilettes après cet événement... Nous déclinons donc l'invitation (pas fous mais avec quelques regrets quand même) et rentrons chercher nos sacs à la guesthouse pour prendre un tuktuk qui nous emmène dans un endroit plus fréquenté.

Sur la route, on remarque à peine une dame devant une maison qui arrête le tuktuk sur le bas côté : ils chargent alors à 3 un homme à l'agonie, un homme, une femme et une jeune fille le massent partout pendant tout le trajet. Il est pale, ses yeux sont révulsés et il saigne du nez en bavant. A chaque instant nous pensons qu'il va mourrir sous nos yeux et Anouk regarde ce triste spectacle en disant : "maman tu n'as qu'à lui donner mon micament à la cerise..." Le chauffeur du tuktuk s'arrête à la hauteur de notre guesthouse pensant nous deposer mais on lui fait assez sechement comprendre de filer à l'hopital pour déposer le malade d'abord ce qu'il fait après quelques secondes d'hésitation. La situation nous parait absurde. Arrivés à ce qui ressemble plus à un dispensaire, le personnel médical est plus préoccupé par la présence d'Anouk que par l'état de notre passager. Ils finissent quand même par le prendre en charge et nous repartons le coeur lourd, estomaqué par le peu de considération à l'égard de ce pauvre homme qui ne devait pas avoir beaucoup plus que 45 ans.

Nous consacrons l'après-midi à faire une étude de marché concernant les treks à la journée et signons pour le lendemain.

Après une nuit pas vraiment sereine suite à l'événement de la veille, lever 7h30 pour rejoindre les guides à l'office pour notre départ vers le parc national de Luang namtha. Nous apprenons sans trop de surprise que l'homme d'hier est mort mais là encore le gérant de l'agence de trek qui nous l'apprend nous le dit d'un air tellement détaché presqu'avec le sourrire que nous avons du mal à imaginer leur rapport à la mort, fatalité quant à la maladie dans un coin reculé comme celui là ou différence de culture? En tous cas ça nous rappelle quand même qu'il ne fait pas bon tomber malade dans ce pays et qu'il faut à tous prix sauter dans le 1er avion pour la thaïlande si l'on veut des soins de qualité.

Après un tour au morning market très vivant pour trouver de quoi manger le midi, où les crapauds cotoient les écureuils morts, les pattes de boeuf et des énormes blattes farcies au piment (miam... et ce sont les guides qui se chargent de notre pic-nique dans la jungle), nous arrivons vers 10h30 sur le départ du trek. Après un peu de marche dans la vallée et quelques passages de troncs glissants au dessus de rivières sans main courante ou quoique ce soit (Pat a Anouk dans le dos), nous grimpons pendant plus d'une heure droit dans la pente la tête dans les lianes et autres bambous. Arrivés sur la crête, petit repas sur des feuilles de bananier en guise de table : pousses de bambous, saucisses lao, champignons et sticky rice. Le ventre plein nous amorçons la descente et sortons un peu de la jungle : la vue est magnifique sur les montagnes environnantes. Très vite nous apercevons le village Akha que nous rejoignons et visitons. Nous sommes l'attraction des enfants qui trainent dans les chemins entre les maisons mais en même temps ils fuient dès que nous approchons trop prêt. Nous finisons la balade par la piste en terre qui relie le village à la route dans la vallée ou nous croisons de nombreuses femmes rentrant des champs qui veulent à tout prix toucher Anouk. Le tuktuk nous attend non loin de la route goudronné et nous ramène à la ville ravis de cette journée.

Le lendemain, après un réveil en douceur et un bon petit déjeuner le temps que la brume et le froid matinal se dissipent, nous louons des VTT pour partir faire une boucle d'une quarantaine de km autour de Luang Namtha afin de voir les villages alentours habités par des minorités. Mis à part l'état moyen de certaines pistes pleines de cailloux qui fait que nos avant bras et cuisses sont tétanisés en fin de journée à force de trembler (sans parler de nos fessiers), la balade est vraiment sympa alternant rizières, champs, rivière et villages.

Après ces deux journées plutôt sportives, le quatrième jour, nous nous reposons, réglons un peu de logistique et partons quand même faire un petit tour au bord de la rivière où on dérange visiblement une bufflone qui nous dévisage l'air peu engageant. Comme nous devons passer à quelques mètres d'elle sur le sentier entre l'eau et une barrière on sert les fesses et on la quitte pas des yeux histoire de démarrer au quart de tour si besoin, elle fait de même. Au retour parce qu'on se retrouve obligés de repasser devant elle, on ramasse un baton au cas où... elle nous refixe façon De Niro quand il se regarde dans son mirroir mais garde ses distances. Après ça l'après-midi passe vite sieste lecture et repos en prévision du long trajet du lendemain direction Nuangkiaw.