Dernier petit déjeuner à Bagan et on prend le bus enfin minibus pour Mandalay soit 4 ou 5 heures de trajet. On avait pas pu voir les paysages en arrivant à Bagan rapport au bus de nuit donc là on découvre. La campagne est assez désertique et les villages en bord de route nous montrent les conditions de vie des gens en dehors des villes : maisons en bambou tressés, troupeaux de buffles qui déambulent librement, c'est un voyage dans le temps.


Après ce voyage presque court par rapport aux précédents, on arrive à Mandalay deuxième ville du pays par la taille qui sur le papier n'a apparemment pas beaucoup de charme mais vaut surtout le détour pour les anciennes capitales royales situées aux alentours. Le bus nous dépose directement à la guesthouse, pratique, où nous nous installons dans une déco chargée très chinoisante et où nous faisons très vite la connaissance de Jim le fils des gérants... Mais ça c'est une autre histoire!!


Il est encore tôt, on décide donc d'aller passer la fin de l'après midi à Amarapura l'une des anciennes capitales royales et son réputé pont d'U Bein, un pont d'1,2 km sur un lac fait avec des piliers de tek récupérés lors du démontage d'une capitale voisine : en effet quand un royaume détronait un autre, le roi allait construire sa capitale à 5 km démontait ou détruisait tous les édifices de l'ancienne pour reconstruire la sienne, ce qui explique qu'il y ait pas moins de 5 ex-capitales dans un rayon de 15 km. Le pont est magnifique mais à cause de la foule qui avance dessus créant un embouteillage c'est un peu loin de l'image que l'on s'en était faite. Il faut dire que les birmans célèbrent le jour de l'indépandance ce qui doit expliquer en partie l'affluence. Le bon côté, c'est qu'une grande fête forraine s'est installée au départ du pont avec tout un parc d'illumination. Mais ici pas d'électricité pour faire tourner les quelques manèges, c'est à la force des bras ou au poids du corps que ça fonctionne. Pour le petit carroussel, rien d'extraordinaire, par contre pour la grande roue, voir les gars grimper tout en haut puis se suspendre pour lancer la roue et la lâcher en arrivant au sol au risque de se faire ecrabouiller par une nacelle s'ils n'ont pas le bon timing nous fait un peu froid dans le dos... Avec cette ambiance, ça fait un peu Noël pour nous, alors on laisse profiter Anouk, tours de manège, tours des illuminations où elle a encore une fois la côte. On a même marcher sur la lune...


Deuxième jour, les effets secondaires de la clim birmane associées aux quelques jours de pluie à Bagan ont eu raison de nos santés de fer et tout le monde a un bon rhume angine. On essaie donc de se retaper le matin et on part en fin de matinée direction les magasins sur nos vélos. Objectif : s'habiller à la birmane. C'est la toute leur contradiction, les birmans ne semblent pas apprécier la chaleur, tous sont toujours abriter sous des ombrelles ou serviettes ou chale pour fuir le soleil et dès que la température passe en dessous de 20, ils sortent bonnets echarpes et doudounes. Sans parler de leur clim mystère encore plus dur à élucider. Nous voila donc dans un grand magasin, après une petite heure on en ressort avec un 2ème pyjama pour Nounou ;pas dur à trouver sachant que la plupart des femmes en portent toute la semaine en journée et plus il y a de mickey ou autre hello kitty dessus mieux c'est ; des couches supplémentaires pour Coco et un bonnet chacune et alors là on laisse carte blanche à Anouk, le choix est difficile entre celui avec 6 pompons 2 lapins ou celui avec des caches oreilles intégrés etc.. Dernier accessoire indispensable pour toute l'Asie je pense : le masque. J'ai toujours trouvé ça bizarre en Europe les gens souvent d'ailleurs d'origine asiatique qui portent des masques, on se dit qu'ils doivent être malades, c'est très con comme réaction je vous le concède. Eh bien maintenant je comprends, c'est bien pour ne pas chopper la mort car ici quand il fait chaud il y a de la poussière à la campagne, de la pollution à la ville voire les 2, quand il pleut c'est humide et ça gratouille la gorge, quand tu prends le bus, que tu vas au resto, que tu rentres dans ta chambre, y a la clim qui même si tu coupe les fils d'alim se remet en route en plein milieu de la nuit comme dans un film de stephen king du coup ton meilleur allier dans toutes ces situations c'est ton masque et tu ne le quittes plus même si des fois t'aimerais en changer alors tu piques discretement celui de ta douce...


Bref on ressort avec nos tenus de camouflage birman surtout Anouk qui ne veut pas quitter son bonnet alors qu'il est 14h et qu'on avoisinne les 28° et après un repas bien local dans une cantine birmane on se balade dans les rues et on finit dans le quartier des Golden leaves factory traduction fabrique de feuille d'or. On se fie aux bruits de marteau et on rentre dans une arrière court où on trouve ce qu'on voulait : 3 gars à l'ouvrage. Le principe : l'or au départ sous forme de petit lingot ou de grosses feuilles est coincé entre des feuille de cuir que les gars martèlent en cadence jusqu'a obtenir les feuilles qui sont utilisées pour dorer les bouddhas. Juste à côté des femmes les conditionnent prêtes à vendre. Sacré contraste entre la matière première, même si les feuilles sont fines vu le nombre il doit y en avoir pour une certaine somme, et l'espèce de cave où tout ce petit monde travaille.


Après cette belle sortie vélo en ville on regagne la guesthouse en longeant les remparts de l'ancien plais royal sans doute équivalent à la cité impériale chinoise mais malheureusement entièrement détruit par un incendie. Et finalement cette ville, ça se confirmera dans les jours suivants, on lui trouve du charme, rien qu'en se mêlant aux scooters et vélos sur les rues.


Pour reposer quand même un peu nos poumons de la pollution, le troisième jour direction les 2 autres anciennes capitales royales au sud de Mandalay en voiture. La première et plus récente Sagaing concentre un nombre impressionant de pagodes et monastères disséminés dans la montagne. On en fait une ou deux, les plus belles ce qui permet à Coco de faire une étude des carrelages kitschs utilisés dans ces édifices, et puis on passe à la suivante, il faut avouer que niveau pagodes et bouddhas on commence à avoir notre dose. La deuxième capitale Inwa c'est autre chose : on y accède par un bac puis on monte dans une carriole à cheval qui nous fait faire le tour de l'ancienne cité sur des chemins défoncés. On fait un bon dans le temps surtout dans un monastère entièrement en tek du XIXème. C'est magique.


Pour nos 2 dernières journées à Mandalay, on réenfourche nos vélos hors d'âge et notre tenue camouflage et on repart à la découverte de cette grande ville avec un autre monastère unique vestige du palais royal, magnifique et surtout le "jade market".

La Birmanie est réputée pour ces gisements de Jade, et Mandalay en particulier pour son marché qui embauche pas moins de 30 000 personnes. On s'y perd et s'y reperd entre les scies qui taille directement des gros blocs de 100 aine de kilo, Les sculpteurs sur jade, les ponceurs jusqu'aux experts qui examinent les pierres brutes ou finies à la lampe de poche, le tout entrecoupé de gargottes et de tripeaux où les artisans à leur pause de midi jouent au billard indien, américain et plein d'autres jeux incconnus pour nous. L'ambiance est géniale.


Par curiosité on demande à un jeune la 20 aine qui manipule des lamelles de jade combien ça peut coûter, il ne semble pas comprendre, ça parait un peu tabou, il nous met la pierre dans les mains puis la reprend. On s'apprête à partir et là il nous rappelle fouille dans son sac et en sort un pendentif finement sculpté en nous faisant comprendre que c'est un cadeau pour Anouk. On n'ose pas accepté, pensant qu'on ne comprend pas ils se mettent à plusieurs pour répéter "present", et une fois qu'anouk le prend, 5 m plus loin un 2ème ne voulant sans doute pas rester en reste sort un lacet et le donne à son collègue qui nous fait faire le tour du marché pour monter le pendentif dessus. On est ravis par l'accueil et bêtement on se dit qu'il a du nous refiler une imitation.


Avant de ressortir, on termine par une zone où pleins de chinois, on l'apprendra par la suite, smartphone sur la table filment les colliers, bagues et bracelets afin de mettre directement les videos en ligne sur une appli chinoise genre de vente ebay aux enchères pour le jade. L'un d'eux nous voyant curieux nous explique le fonctionnement ; pas de prix fixé, c'est l'acheteur qui donne son prix et le propriétaire du jade qui tranche. Et là ça commence à devenir plus clair, il nous explique que la plupart des gens qui bossent ici sont des artisans, ils n'ont pas conscience de la valeur des pierres qu'ils travaillent pourtant merveilleusement bien et seul le propriétaire des pierres précieuses s'en met plein les poches. Encore une fois comme pour les feuilles d'or, on imagine bien que le salaire des artisans par rapport au prix des bijoux qui sortent de ce marché doit être dérisoire. Avant de remercier notre interlocuteur pour ses explications, on lui montre le pendentif de Nounou en s'attendant à une réaction de sa part genre c'est toc et là surprise : "non c'est pas du si mauvais travail, c'est une belle pierre, dans ce marché vous pouvez la vendre 100 $ et aux Etats unis par contre ça se vendrait 500 $"( Elle s'est d'ailleurs faite offrir une autre Pierre à la sortie mais nous n'avons pas encore eu le temps de la faire expertiser)


Pardon?!!! On reste sans voix et on regarde la petite qui sert son pendentif dans sa main. Impressionnés par autant de générosité, on quitte le marché pour un autre mais cette fois ordinaire où la petite reine parce que c'est ce qu'elle doit commencer à penser trouve le moyen de se faire offrir, en vrac une couronne de fleurs, des fleurs, des mandarines... Du coup on la laisse prendre de l'avance et nous on collecte derrière.


La fin de journée approche, on regagne la guesthouse, on fait nos adieux à Jim et on se prépare pour notre bus de nuit.