Nous arrivons sans encombre ," tranquillou Bidou" ( comme dit Anouk ), évidemment c 'est une capitale donc ça nous secoue un peu la première demie heure, niveau decibels, niveau pollution, niveau trafic : j'ai d'ailleurs failli me faire happer par un bus (autant le dire tout de suite je suis le boulet du groupe).Welcome to Phnom Penh.


Nous atterissons dans une super Guesthouse avec petite piscine pour la Minus et nous en profitons directement avant d'aller diner dans un quartier super sympa juste à 2 pas plein de petites ruelles ou s'egrainent de nombreux bars plus sympas les uns que les autres et où on paye notre pizza un bras . En sortant, on enchaine les bars et les bieres jusqu'a l'ivresse, on se laisse aller a quelques pas de danse , on discute avec plein de gens de voyage, de vie à l'étranger, en toutes les langues, une soirée parfaite quoi ...En fait non, on demande a Anouk : "t'es fatiguée?" Réponse directe "oui!". Alors on rentre se coucher... Il est 21h et nous sommes verts !


S21


Aujourdhui est une journée spéciale. On y a réfléchi à plusieurs fois... Y aller ou non et puis on s est dit qu on ne pouvait pas ne pas y aller, que c'était un devoir de memoire . On se rend donc a pieds a La prison de Tuol Sleng, également appelée S-21, c'était l’une des 190 prisons du régime Khmer rouge (1975 A 1979 sous la direction de pol pot). C’est la plus tristement célèbre étant donné que seulement 7 personnes en sont ressorties vivantes à la libération sur les 14000 personnes ayant été incarcérées en 4 ans. À l’origine, c’était un lycée avec ses salles de classe et sa cour de récré. Un lieu chouette à l’ombre des manguiers. Mais les Khmers rouges ont transformé les lieux en camp de torture, les bouches d'aération ont été fermées, de petits murs en briques ou bois ont été érigés dans les classes pour en faire des cellules exiguës (la taille d'un toilette chez nous). Des salles de classes dotées d'un sommier en fer étaient destinées aux interrogatoires. Les détenus étaient torturés pendant de longues heures jusqu’à ce qu’ils avouent enfin des crimes qu’ils n’avaient pour la plupart pas commis. Au yeux des Khmers rouges, il n’y avait pas d’innocents, tous étaient des "ennemis de l’Angkar" (autrement dit des ennemis de l'Organisation). Après aveux, s'ils ne mourraient pas pendant les interrogatoires, ils étaient transférés à Choeung Ek. Difficile de mettre des mots sur cet endroit… Surnommés les killing fields (champs meurtriers ou charniers), c’est ici que les Khmers rouges pratiquaient leurs exécutions en masse.


Les personnes arrivaient en groupe, hommes, femmes et enfants, et attendaient leur tour en ligne. Ils étaient tués un par un à coups de bambous ou de machette dans le crâne. Les nouveau-nés étaient, eux, frappés contre un arbre sous les yeux de leur mère avant qu’elle-même soit exécutée. Actuellement lorsqu'on traverse le camp on peut voir des débris humain et des vêtements dans les charniers. 9000 crânes sont exposés dans un stupa commémoratif a l'entree du camp et chacun d'entre eux porte une gommette de couleur pour indiquer de quelle facon la personne a "probablement été tuée". Niveau horreur, difficile de faire pire. Ce qui nous a longuement fait hésiter à faire la visite, c'est bien sûr la présence d'Anouk, peur qu'elle ne voit des choses choquantes, car autrement nous voulions vraiment le faire. Ce qui est vraiment marquant dans la visite ce sont les explications, racontées par un étudiant cambodgien sur une voie assez monocorde version audioguide. En prenant soin de la garder à l'extérieur des pièces, elle n'a rien vu. Nous voyant avec nos casques sur les oreilles elle a rééclamé le sien, on avait un peu prévu le coup donc elle l'a eu et fait "la visite" en écoutant la bande son du livre de la jungle et la voie de Balou...


Nous retrouvons tous les amis croisés au Laos au Night Market en fin de journée pour un petit debrief de cette derniere semaine passer les uns sans les autres, on mange des brochettes achetées sur les stands de rue (tiens salut Salmonelle ça va? Dis donc t'aurais pas vu Ecchierichia dans le coin?), on termine la soirée par un verre au bar, le temps change brusquement et tourne a la tempête : vent violent, pluie drue... Les rues sont très vite inondées et nous nous en amusons beaucoup en rentrant en Tuktuk.

Le soir, je ne peux pas dormir... Pourtant sur le moment je n'ai pas eu l'impression d'être choquée. Mais en y repensant... Les photos de tous ces gens, leur regard innocent, les photos d'eux mutilés et assassinés ensuite, les témoignages, les lieux... Le portique de sport devenu potence, le lycée devenu prison : je crois que c'est cette image, cette idee qui me hante ce soir : comment la mort a t'elle pu s'inviter en ces lieux?


Apres une trop longue nuit donc nous entamons notre dernière journée.


Nous n 'avons pas de programme, si ce n'est mon RDV chez le dentiste suite à un petit morceau d'une de mes dents retrouvé dans l'assiette donc on part se balader en ville histoire de visiter et de faire quelques emplettes, essentiellement pour Anouk qui abîme ses vêtements à vitesse folle et comme elle ressemble a une enfant sauvage, on culpabilise un peu. On fait un tour dans un parcde jeu, puis dans un deuxième, on dine et on rentre. Finalement on aura fait nos 10 petits kilometres à pieds quand même.


On passe notre dernière matinée à Phnom Penh au bord de la petite piscine en attendant le bus qui nous emmera à Siem Reap, ville qui nous servira de "dortoir" pour visiter les incontournables du Cambodge : les temples d'Angkor.