Après un long trajet en bus depuis phnom penh, on arrive en soirée à siem reap, ville étape pour les centaines de milliers de touristes qui viennent voir la perle du Cambodge : les temples d'angkor. Ça nous fait bizarre de se retrouver dans un endroit aussi occidentalisé, la ville n'était qu'un gros bourg dans les années 2000 et a explosé depuis avec l'afflux des visiteurs. Le centre "pub street" rappelle la "koh San road" de Bangkok avec des bars partout, des lumières, des néons et de la ziq a fond des 18h. C'est très différent de toute l'image du Cambodge jusqu'alors et vu qu'avec anouk on doit rentrer tôt bah on regarde tout ça d'un oeil un peu dépité, le coin a perdu un peu de charme... à moins que ce soit la frustration de ne pas pouvoir profiter de l'happy hour sur l'angkor beer à 0.5$ qui nous fasse réagir comme des rabat-joie.. qui sait.


Toujours est-il que fatigués par le trajet on rentre se coucher a notre guesthouse excentrée, au "calme" donc, pour une nuit comme on les aime! Eh oui une fois de plus ça ne se passe pas tout à fait comme prévu et on se dit qu'on est des poissards sur ce coup là. Explication : en rentrant sur le petit chemin de notre guesthouse on a entendu un peu de musique juste en face de l'entrée et vu des chaises bien alignées, pourtant pas l'ombre d'un bar ou boîte à l'horizon. A partir de 21h ça monte crescendo et ça n'arrête plus jusqu'a 3h du mat. Il faut savoir qu'en Asie, proximité de la Chine oblige sans doute, la moindre famille semble pouvoir s'équiper d'un mur de son digne d'un sound system et ce même pour l'anniversaire de la petite pimkie de 3 ans. Alors la on pense d abord a des funérailles histoire de pas gaffer 2 fois mais quand on les entend chanter en braillant on penche pour quelque chose de plus festif et on les imagine au moins 200.

A 3h la sono rend l'âme..

3h30 Anouk qui dormait miraculeusement jusque là, sachant que les murs sont en carton; se réveille ronchon. On arrive à la rendormir vers 4h.

4h10 : c'est l heure où la meute de 20 chiens du quartier décide de régler ces comptes et d'élire un nouveau chef à grand coup de hurlement à la mort et de prise de museau... A moins que ce ne soit l'élevage de chiens de la famille d'a côté qui choisit ce moment pour les nourrir avant de les vendre à un des resto locaux! Bref la dessus les coqs perturbés par ce manque de saison s'y mettent aussi et c'est l'apothéose. Impossible de fermer un oeil, malgré boules quiesce et oreiller.

5h, la sono doit être réparée ou alors les convives reviennent, ça redémarre jusqu'à 10h du matin. Curieux et un poil aigri par cette nuit Blanche je vais quand même sur le matin voir de quoi il s'agit : réponse un mariage, ah bah ça paraît plus logique alors mais malgré la sono qui crache ils ne sont que 5 ou 6 sous le barnum. Sachant qu'on est vendredi on craint fort que la fête dure tout le we mais en repassant devant dans la journée on les voit remballer tout. "Chouette" on se dit "c'est gagné", sauf que notre hôte nous regarde l'air désolé : "le mariage du numéro 6 est terminé mais ce soir il y en a un au numéro 2" en montrant la maison face au portail de la guesthouse... On rit nerveusement. Heureusement la deuxième équipe aura moins d'endurance et s'arrêtera a notre grande surprise vers minuit. Ouf. Enfin voilà ça c'était pour le mauvais côté de notre séjour à Siem Reap. Il nous a fallu puiser un peu le premier jour dans nos réserves pour partir découvrir la magie du site.


Après la nuit Blanche on abandonne l'idée du vélo pour gagner le site à 8 km sachant qu'une fois sur zone, on a une boucle de 15 ou 25 km à faire sous le cagnard. On trouve facilement un tuktuk qui nous promène la journée à la découverte des temples "secondaires". Le site est immense, Angkor signifie en khmer capitale et les temples correspondent à des villes qui se sont installées les unes a côté des autres pour former cette mégalopole de l époque qui a rassemblé jusqu'à 800 000 habitants. La plupart sont très bien conservés et on s imagine sans trop de problème ce que ça devait donner à l'époque avec des centaines d'éléphants en plus.


Bref en sillonant les ruines, difficile de ne pas se prendre pour Indiana Jones ou l'un des découvreurs de l'époque tant les temples sont riches et impressionnants. Problème quand même, comme dans tout le Cambodge, la campagne est truffée de mines laissées par les khmers rouges et de bombes américaines non explosées alors près des temples, les démineurs ont fait leur boulot mais il est fortement déconseillé de s'aventurer en dehors des sentiers balisés où le travail n'a sans doute pas été fait. Dommage, des fois c'est tentant, histoire de fuir un peu le monde des temples les plus reconnus. Justement le deuxième jour on rempile en tuktuk pour visiter les incontournables. La chaleur a eu raison de notre motivation a le tenter en vélo, déjà qu'Anouk encaisse sans trop ronchonner tous ces vieux cailloux on veut pas en plus lui infliger la route en plein soleil sur le porte bagage. C'est donc parti pour le fameux angkor wat, la ville temple angkor thom et le tha phrom ou la jungle reprend ses droits en insinuant les racines de ses arbres fromagers entre les pierres des murs jusqu'à les faire effondrer. Les sites sont magiques, majestueux mais la foule de visiteurs arrive presque a gâcher le plaisir quand à Angkor wat il faudrait faire 1h30 de queue pour accéder aux terrasses supérieures ou que l'on se retrouve dans un embouteillage dans un couloir a peine éclairé. Dans les 2 temples les plus réputés, certains passages sont vraiment noirs de monde et ça "selfise" dans tous les sens.


Après cette journée bien chargée on décide de faire une pause dans la visite des vestiges de la civilisation khmer et de s'intéresser à l'un des autres intérêts de Siem Reap : ses restaurants d'application gérés par des ONG, au nombre d'une douzaine dans la ville. Après un premier essai raté dans une école française où on débarque en pleine réception des officiels du coin, on se rabat sur son équivalent américain : Spoon. Ces écoles visent à donner aux étudiants défavorisés du Cambodge des compétences leur permettant de poursuivre une carrière dans le secteur de l'hôtellerie : elles leur offrent des cours d'anglais, une formation professionnelle et pratique avant de les laisser travailler dans le restaurant de l'ONG. Le programme pour les étudiants dure un an, divisé en trois modules qui couvrent l'hospitalité, les compétences de vie et la formation professionnelle. L'objectif est de former 45 étudiants par an, et la première fournée travaille déjà dans la cuisine Spoon, tandis que d'autres s'entraînent pour des travaux futurs en tant que personnel de maison. Nous y avons vraiment très bien mangé, les étudiants sont vraiment tres appliqués et impliqués. On ressent le fait qu'ils saisissent réellement la chance qui leur ai donnée. Pour AVOIR tester le même genre de restaurant en France, je peux dire qu il y une nette différence d'engagement et d investissement de la part des Frenchy.


Le reste de cette journée est l'occasion de se poser à ne rien faire et de profiter de la piscine de la guesthouse.


Siem Reap, c'est aussi le Tonlé Sap, le plus grand lac d'Asie du sud est véritable mer intérieure qui se remplit et se vide au rythme des saisons sèches / humides et qui sert même de trop plein au Mékong en crue. Le choix de la plaine de Siem reap pour la construction d'Angkor est d'ailleurs étroitement lié à la proximité du lac. On décide donc de partir découvrir les abords du lac et ses "villages flottants" même si l'excursion sent un peu l'arnaque : telle que présentée, impossible d'accéder au village sans payer un bateau + droit d'accès assez hors de prix. Sauf qu'on est en saison sèche et que les villages flottants n'ont pas besoin de flotter parce qu'ils sont à 4 m au dessus du sol et de nos têtes! Bref, une fois digérée l'impression de s'être fait plumer, on découvre avec beaucoup d'intérêt ce à quoi ressemblent ces villages en saison sèche et justement la hauteur des pilotis nous donne une idée des variations de niveau du lac. La pirogue slalome dans un petit canal au milieu d'autres bateaux, de pécheurs et de perches en bois jusqu'à atteindre le lac et quelques maisons flottantes puis retour à la case départ. On retrouve l'habitat du lac Inle au Myanmar, les mêmes modes de déplacement mais la population est bien différente et une impression de bazar organisé se dégage de ces villages. Sur la route du retour et à proximité du lac on s'arrête visiter nos 3 derniers temples dont l'un surtout sort du lot : une pyramide faisant penser aux temples Incas coiffée d'une tour copie conforrme de celles d'Angkor wat. On apprécie le peu de fréquentation du site et en redescendant de l'autre côté, on passe devant un petit groupe de musiciens cambodgiens comme on en croise beaucoup sur tous les sites : musiciens traditionnels mutilés par des explosions de mines ou de bombes américaines. Anouk leur dépose un petit billet et revient nous demander son pipeau en bambou acheté la veille pour une poignée de moule. Elle y retourne, se plante devant eux et commence à souffler régulièrement dans sa flute. Ces sons qui nous cassaient les oreilles depuis la veille et nous donnaient envie de jeter ce foutu pipeau par la fenêtre prennent une autre tournure : l'un après l'autre les musiciens se remettent à jouer en suivant "le rythme" donné par notre virtuose jusqu'à ce que tout le groupe joue ensemble et arrive à intégrer ses sifflets dans leur morceau. Anouk et ses musiciens s'applaudissent mutuellement, ils paraissent ravis, elle saute de joie sur place et nous on sourrit betement comme si on était à l'école des fans!


On termine notre journée sur cette séquence musicale et on regagne Siem Reap pour préparer le trajet du lendemain direction Battambang.