On se réveille au son de la voix du capitaine qui annonce l'arrivée au port de Sinabang sur Simeulue. On vient d'entrer dans la large baie abritée côté est de l'île. On range tranquillement nos affaires et on débarque après les camions voitures. Putra nous attend à la sortie du ferry, il fait partie du staff du Kita surf resort, pension tenue par Gauthier un pote finistérien installé sur cette île depuis 6 ans et chez qui nous avions prévu de venir passer quelques jours. Le temps de traverser l'île et nous voilà arrivés à destination dans un joli ensemble de bungalows éparpillés dans la végétation juste face à l'embouchure d'une petite rivière et d'une petite plage abritée des vagues par le récif de chaque côté. L'endroit est vraiment paradisiaque.


On y reste une semaine, au programme surf pour moi tous les matins, l'occasion de tester pour la première fois les vagues et le reef indonésien, et surtout la possibilité de surfer des vagues de très bonne qualité quasi seul à l'eau avec les autres gars du resort. Le reste du temps, on profite de la plage, Anouk s'éclate entre la mer et surtout la petite rivière où elle peut patauger sans risque. On se régale avec la cuisine indonésienne d'Emi, originaire du village voisin, qui nous prépare tous les repas, un délice!


On sillonne l'île en scooter, ce qui nous permet d'observer la vie des locaux. Les paysages sont magnifiques, la route traverse de nombreux petits villages, possédant chacun leur mosquée, les cocotiers alternent avec la jungle et des portions dénudées où un gazon digne d'un golf recouvre le sol alors que les buffles et chèvres pâturent tranquillement.Au détour d'un virage on découvre des plages de sable blanc ou plus au nord une baie complètement abritée où le récif affleure partout créant un paysage de mangrove avec une eau translucide.


L'avant dernier jour, on décide de partir découvrir une petite île au large des côtes, réputée pour ses plages. On part donc en scooter pour rejoindre l'embarcadère. 10 km, un gros orage et une crevaison ou plutôt un éclatage de chambre à air plus tard on arrive à bon port trempés. Heureusement, on roulait lentement et le scooter s'est bien tenu. On monte à 5 dans un bateau de pêcheur à balancier où l'on s'assoit sur des planches abrités par un petit toit. C'est parti pour 1h30 de navigation, on sort d'abord de la rivière, ah oui parce l'embarcadère était dans les terres, puis on traverse la baie où Christian pêche 3 belles bonites à la traine, on longe une première île et on arrive finalement en vue de Pulau Minchau, facilement reconnaissable à son énorme rocher de 20 m de haut qui se dresse dans la mer juste à l'extrémité de 2 belles plages de sable blanc. Le pêcheur nous approche de la plage et nous fait comprendre qu'il faut terminer les 50 derniers mètres à la nage car il ne peut pas accoster sur la plage à cause de la houle qui crée un petit shore break. Les anciens ne sont pas chauds et comme on a oublié les brassard d'Anouk ça paraît vraiment risqué surtout qu'après un tour de repérage, il s'avère qu'il y a un léger courrant. On lui fait donc comprendre que ça va pas le faire et du coup il nous emmène sur l'autre plage où il fait reculer son bateau dans une petite passe jusqu'à ce qu'on puisse débarquer en ayant pied. Il n'y a pas beaucoup de vague mais suffisamment pour que ça soit un peu chaud : on est debout entre les rochers et le récif avec ses coraux tranchants à tenir les balanciers du bateau pour qu'il reste face aux vagues le temps que tout le monde descende. Du coup quand tu tiens un bateau de cette taille, la vague a beau faire que 60 cm, tu te sens un peu petit et tu as pas trop envie de te faire coincé entre la coque et les coraux coupant. Après quelques raclages du bateau et bruits peu catholiques du gouvernail sur les rochers, on se retrouve tous entiers sur l'île et notre pêcheur dans son bateau qu'il remmène au delà du récif.


Et là on se prend pour des naufragés, le sable a vraiment une couleur magnifique, on est seuls sur cette île déserte, on marche sur la plage jusqu'au gros rocher, on se baigne et là on regarde notre bateau : plus âme qui vive dessus! Ah tiens, original... On entend du bruit dans la jungle derrière au dessus de nos têtes, on lève les yeux et on aperçoit notre pêcheur en haut d'un cocotier en train de nous cueillir des cocos à 12 m du sol. On l'a même pas vu traverser à la nage ni remonter la plage jusqu'aux cocotiers. Il redescend, nous rejoint, taille les noix de coco et nous les offrent. On les boit d'une traite, elles sont étonnement fraîches vu la chaleur qu'il fait, puis il les coupe et nous taille une cuillère dans la coque pour manger la pulpe. Un délice. Et là on se dit qu'on pourrait rester vivre là de poissons et noix de coco... Encore faudrait-il savoir grimper aux cocotiers comme notre guide qui à peine il a finit son découpage fourre les 4 cocos restantes dans un filet et repart à la nage avec tout son bardât jusqu'au bateau. Le gars est à l'aise sur tous les terrains. Il nous fait signe qu'il nous récupère au même endroit et nous voilà repartis en sens inverse sur la plage jusqu'à la petite passe où on réussit tous à remonter dans le bateau non sans quelques tirages, poussages et roulages comiques par dessus bord pour certains vu qu'il n'y a pas d'échelle.


Le retour au soleil couchant est magique, les couleurs sont magnifiques, le plan d'eau après l'orage s'est totalement aplani et est parfaitement lisse. On termine la dernière demi-heure de navigation dans la nuit noire et on bénit notre pêcheur qui connait vraiment bien son coin puisqu'il rerentre dans la rivière de nuit sans aucun éclairage avec les vagues qui déferlent à quelques mètres seulement sur le sable, mais il trouve la passe sans soucis et nous dépose sur la terre ferme. On enfourche nos scooters et on rentre à la maison ravis de cette escapade.


Le dernier jour passe vite, un peu de surf le matin, puis baignade, jeux sur le sable et on prépare notre départ. L'heure du ferry est un peu une énigme donc on s'organise pour y être vers 18h. Après des aurevoirs chaleureux à tout le staff on se met en route pour l'embarcadère et rebelote comme à l'aller, achats des billets, deal avec les mêmes membres d'équipage pour la même cabine au même prix et on monte dans un ferry bizarrement vide! Et pour cause, il est 19h et l'heure de départ est fixée à... 22h. On est donc arrivés dans les premiers! Qu'à cela ne tienne, ça nous permet de squatter les tables sur le pont supérieur pour notre pique nique et on descend se coucher dans notre cabine où on s'endort vite avant même que le ferry ne démarre pour nous ramener à Singkill.


Ca tombe plutôt bien car après les 12 heures de ferry, un long trajet de 17 heures (sur le papier) nous attend, mais ça c'est demain!