Aéroport de Padang, on se retrouve très vite en salle d'embarquement à attendre notre vol. On l'attend un peu plus que prévu mais il a moins de retard que ce à quoi on s'attendait vu les mauvais échos que l'on avait eus sur la compagnie aérienne. Disons que l'organisation dans la salle est très... indonésienne : 4 portes d'embarquement sur le papier mais une seule qui est utilisée en réalité et les débarquements se font au même endroit alors forcément ça bouchonne un peu. On monte dans notre avion avec une bonne heure de retard, le vol de 2 h se passe bien et on atterrit sans encombre à Yoghakarta. On récupère très vite nos bagages, on saute dans un taxi et nous voilà à notre guesthouse. Après le confort simple des derniers jours, on apprécie vraiment la chambre climatisée et nickelle, même s'il y a quelques fourmis, on dort comme des loirs dans des draps que l'on trouve décidément vraiment très doux!


On a prévu de rester 5 jours à Yogha, objectif, étendre notre visa qui expire dans 5 jours, d'un mois supplémentaire. D'après nos recherches, l'administration indonésienne est assez tatillonne et peut faire traîner les choses, du coup beaucoup de gens dans notre situation passent par des agents qui font les formalités à leur place ce qui leur évite des allers retours au bureau de l'immigration. Problème, à Yogha, pas d'agent référencé, on se renseigne à l'accueil de notre guesthouse, ils n'en savent rien, essaient de trouver l'info et nous répondent au bout de quelques heures qu'il vaut mieux aller directement à l'immigration. On est lundi, il est midi et demi, ça ferme à 16 h donc en route. Par chance, on est pas trop loin, 5 km, enfin avec le trafic très dense de cette ville faut quand même compter 25 minutes pour les faire. Une fois là bas, on nous demande de revenir le lendemain entre 8 et 10 h seul créneau pour les extensions de visa, mais on a pas tout perdu, on repart avec 3 immenses dossiers à remplir avec les instructions. Le lendemain donc, lever aux aurores pour essayer d'être dans les premiers, on a aucune idée du temps que ça va prendre. Finalement on nous appelle assez vite et on repart au bout d'une heure avec la consigne de revenir le surlendemain à 8 h. Rebelote donc le jeudi, lever tôt, route à l'immigration, prise de photos sur fond rouge, relevé d'empreintes digitales, le tout avec une tenue correcte exigée, pantalon, manches longues pour tout le monde et on rentre à la guesthouse au bout de 45 minutes avec comme consigne de revenir une dernière fois le vendredi pour récupérer nos passeports avec les fameux tampons. Au final, la machine est bien huilée, on a pas perdu beaucoup de temps à chaque fois mais avec les temps de trajet, les allers retours sont quand même assez contraignants.


Rassurez vous, on a pas fait que ça de nos 5 jours à Yogha. De retour du bureau de l'immigration on repartait pour le centre avec au programme visite du Kraton, palais du sultan qui dirige Java et des anciens bains royaux. Encore une fois, l'architecture avec son dédale de ruelles aux murs blanchis à la chaux, les mosquées, les bassins nous rappellent les médinas d'Afrique du nord. On en profite pour regarder un petit concert de musique traditionnelle javanaise et se perdre dans les marchés de la ville.


Yoghakarta est une ville très vivante, où beaucoup d'expatriés viennent s'installer. Culturellement ça se voit avec pas mal de street art et on se fait plaisir avec un vrai restaurant à l'occidental où on resavoure des goûts que l'on avait presque oubliés.


Mais Yogha, c'est aussi la capitale du batik, tissu imprimé très coloré, marque de fabrique javanaise, à la main pour les plus jolis, et surement à la machine pour la plupart. Du coup, on fait les boutiques, elles se ressemblent toutes, pas facile pour nous de faire la différence.


Sur notre seule journée vraiment libre, rapport à nos formalités administratives, on s'organise une excursion au temple de Borobudur, pèlerinage boudddhiste majeur, reconnu comme l'un des plus beaux temples d'Asie du sud-est dans sa catégorie, après Angkor et Bagan. Bah oui, ça faisait un moment qu'on n'avait pas été traîner nos tongs sur les vieux cailloux alors pour la plus grande joie de tous en route pour le Borobudur. On se réserve la visite pour la fin d'après-midi pour essayer d'échapper au monde, on commence donc par aller se balader dans les villages alentours connus pour l'artisanat. La route traverse encore de jolis paysages de rizières, aujourd'hui c'est jour de ramassage, du coup les gens s'affairent dans les champs et le riz sèche sur des bâches à même la route partout dans le village.


Notre premier arrêt a lieu à Nglipoh, village de potier où on déambule dans des ruelles étroites entre les tours, les fours et les poteries qui sèchent au soleil. On fait affaire avec une petite grand-mère très souriante qui nous vend sa production : des assiettes en grès, teintées en noir, tout à fait notre style, à 0,5 euro l'une. Avec nos quelques mots d'indonésien on arrive à se faire comprendre, autant acheter directement à la source. En continuant, on observe les potier(e)s façonner leur plats/assiettes, puis les faire durcir au soleil avant de les passer à la flamme et de les empiler sous un petit toit, recouverts de paille pour la vraie cuisson au feu. On resterait des heures à observer ces savoir faire devenus si rares chez nous. Immanquablement, l'une des potières nous invite à faire des travaux pratiques, on se prête avec plaisir au jeu et malgré ses réticences même Anouk s'y colle. Bah oui, elle qui est tout le temps craspouille, forcément là madame ne veut pas avoir de la bouillasse sur les mains, forcément!! Mais finalement, avec l'aide de sa "professeur", elle fait un joli bol fleur qu'elle grave ensuite avec une pique en bois.


Après cet intermède artistique, on s'arrête dans le village voisin, Karang, gros producteur de tofu. En rentrant dans ce qui nous semble être une maison particulière, on découvre un atelier de fabrication traditionnelle du tofu. Les ouvriers à l'oeuvre nous explique dans un mélange indo-anglais, le process de fabrication qui nous rappelle étape après étape celui de certains fromages. On déguste même le produit fini, très bon! On s'est un peu attardé sur ces deux villages, il est donc grand temps d'aller manger avant d'aller visiter le temple, mais un vrai déluge démarre, les rues se transforment en rivière, les enfants sortis de l'école courent pieds nus en s'éclaboussant et nous on se réfugie dans un restaurant en partie inondé lui aussi en attendant que ça passe. Heureusement, les trombes d'eau ne durent pas et on se dirige vers l'entrée du Borobudur.


On est 2 heures avant la fermeture, le site devrait commencer à se vider, mais non, c'est noir de monde, 99 % de touristes indonésiens, une majorité d'étudiants sans doute en voyage de promo. Du coup, pas un espace de libre, des gens assis de partout, on doit grimper les escaliers menant aux différentes terrasses à la queue leu-leu, c'est un peu décevant. Comme à Angkor Wat, on est frustré de ne pas pouvoir plus profiter de ce magnifique ensemble mais bon ce n'est pas étonnant vu la beauté du site. Bien sûr, on se plie une fois de plus aux rituels des selfies, mais je crois que cette fois c'est l'apothéose, on se demande s'il n'y a pas méprise ou si on ne nous prend pas pour un/une autre quand un groupe d'étudiantes de quinze vingt ans, après avoir accepté de poser avec elles, sautent sur place, en poussant des "oh my god! Oh my god!" compulsifs. Enfin, à part Anouk qui se cache définitivement derrière ses mains ou tout ce qu'elle peut trouver, nous ça nous amuse. On a même le droit à une représentation en costumes traditionnels javanais et on finit par quitter ce beau temple, non sans mal, à travers un vrai labyrinthe de boutique de souvenirs. Retour sur Yogha après cette journée riche en découverte.


Les 5 jours sont passés vite et il est déjà temps de mettre le cap plus à l'est direction les volcans les plus réputés de Java. Il y en a partout sur l'île mais les plus beaux se trouvent à l'est sur notre route vers Bali. Pour rejoindre le premier ensemble, le parc du Bromo-Tengger-Semeru, on se rend d'abord à Malang ville apparemment agréable à 8 h de train de Yogha. On est ravis de pouvoir enfin reprendre le train, un moyen de transport que l'on trouve vraiment idéal pour voyager. On verra donc demain si ça se confirme.